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Le médecin anesthésiste Kent Garman applique les protocoles d’aviation aux résidents d’anesthésie réanimation

Le médecin anesthésiste Kent Garman applique les protocoles d’aviation aux résidents d’anesthésie réanimation.

Par le Dr Bouarroudj Noreddine.

Le Dr Kent Garman fut l’un des pionniers de la  transplantation cardiaque et cardio-pulmonaire .Vétéran américain du Corps des Marines il a participé au combat en tant que chirurgien de vol pendant la guerre du Vietnam. Voulant devenir chirurgien, ce natif de Pennsylvanie a suivi une formation en vol et a été expédié en 1967 pendant 13 mois à Chu Lai, au Vietnam, où il a été affecté à un escadron de bombardiers.Ses expériences au Vietnam l’ont incité à devenir un anesthésiste plutôt qu’un chirurgien.Après avoir terminé ses études de spécialité à l’Université de Pennsylvanie, il a rejoint l’Université de Stanford en 1973 en tant que médecin chef du département « anesthésie cardiovasculaire », et a gravi les échelons pour devenir professeur agrégé en six ans. Pendant tout ce temps, il est resté dans la Réserve navale et avait atteint le grade de capitaine lorsqu’il a été libéré honorablement en 1992. Après un séjour de 14 ans dans un cabinet médical à Redwood City, il est retourné à Stanford en 1998, où il était médecin chef du département d’anesthésie jusqu’à sa retraite en 2006.[1]

S’inspirant de protocoles d’aviation liés à la gestion du risque et à la sécurité le Dr Garman eut l’idée d’enseigner à ses résidents l’application de ces protocoles dans leur pratique quotidienne.En supervisant par exemple une de ses résidentes d’anesthésiologie qui s’occupait à prendre un abord veineux à un malade endormi le Dr Kent Garman a discrètement placé sa main sur l’écran du moniteur  il lui demanda : »quelle est la tension artérielle du patient? »; jetant un coup d’œil sur l’écran caché par la main du professeur, le résident perplexe dit: «Je ne sais pas!» Le Dr Garman répondit calmement: «Vous ne savez pas parce que vous n’avez pas regardé le moniteur à tout moment au cours de la dernière minute. « Il renforce ce point en racontant aux résidents l’histoire du vol 401 d’Eastern Airlines.[1]

L’avion L1011 reliant New York à Miami se rapprochait de sa destination le 29 décembre 1972, lorsque le pilote a basculé un commutateur pour abaisser le train d’atterrissage, mais le témoin ne s’est pas allumé. Le pilote, le copilote et le navigateur se sont  préoccupés par le tableau de bord, essayant de comprendre pourquoi la lumière restait sombre. Comme personne ne pilotait réellement l’avion, l’avion est descendu trop abruptement et s’est écrasé dans les Everglades, tuant 101 des 176 passagers et membres d’équipage à bord.Cette catastrophe illustre le danger de la fixation sur une tâche tout en ignorant d’autres fonctions importantes. « La fixation peut tuer un patient », explique le Dr Garman. «J’enseigne aux résidents une technique de l’aviation: balayage, balayage, balayage.» Un pilote doit continuellement balayer l’horizon pour trouver d’autres avions, vérifier régulièrement la vitesse de l’air, l’altitude, la fonction des systèmes hydrauliques et électriques, etc.«Les anesthésiologistes doivent aussi vérifier plusieurs constantes physiologiques, regarder le patient, observer ce que les chirurgiens font – tout ce qui se passe autour d’eux. La connaissance de la situation est très importante. »[1]

Il est bon de savoir que le risque d’accident mortel en anesthésie se situe entre 10-5 et 10-3. Pour comparaison, le risque est < 10-6 dans l’aviation civile (1 : 3.6 millions de vols), de 10-4 pour le trafic routier, et de > 10-2 dans l’alpinisme de haute altitude (1 décès sur 30 ascensions au dessus de 8’000 mètres). Aucune activité humaine ne présente de risque de l’ordre de 10-7 (1 : 10 millions) qui apparaît comme une limite infranchissable[2] .C’est la traduction de la fameuse expression selon laquelle le risque zéro n’existe pas.

Si l’anesthésie est sûrement l’un des secteurs les plus sûrs de l’exercice médical l’aviation en a  été inéluctablement une grande source d’inspiration[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9] .Ainsi et pendent longtemps, l’anesthésie est comparée à l’aviation pour différentes raisons :

1-Similitude des trois phases : de décollage (induction anesthésique) de croisière(période peropératoire) et d’atterrissage (réveil).

2-Sécurité, (les HRO High Reliability Organizations, ou HFO pour haute fiabilité organisationnelle.

3-Check-list quotidien au bloc opératoire.

4-Côté « high tech ».

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAHIQUES:

[1]https://www.ucdmc.ucdavis.edu/anesthesiology/images/banner2016/Garman_FacultyNewsletter_Winter_2015_16.pdf

[2] Précis d’Anesthésie Cardiaque 2016, version 5– 02 Sécurité et anesthésie

[3] Cook RI, Woods D. Implications of automation surprises in aviation for the future of total intravenous
anesthesia (TIVA). Journal of Clinical Anesthesia 1996;8:29-37

[4] Gaba D. Structural and Organizational Issues in Patient safety. California Management review
2000;43(1): 83-102

[5] ARBOUS MS. GROBBEE DE, VAN KLEEF JW, et al. Mortality associated with anaesthesia: A qualitative analysis to identifyrisk factors, Anaesthesia 2001; 56:1141-53

[6] BAKER GR, NORTONPG, FLINTOFT V, et al. The Canadian Adverse Events Study: the incidence of adverse events in hospitals patients in Canada. Can Med Ass J 2004; 170:1678-86

[7] CLERGUE F. Sécurité anesthésique: de la gestion des erreurs à la gestion des risques. ConférenceCHUV, 8 janvier 2009

[8] LIENHART A, AUROY Y, PEQUIGNOT F, et al. Survey of anesthesia-related mortality in France. Anesthesiology 2006;105:1087-97

[9] WEINGART SN, WILSON RM, GIBBERD RW, HARRISON B. Epidemiology of medical error. BMJ 2000; 320:774-7

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